jeudi 31 mars 2016

Le dernier recueil de Rina Lasnier : CHANT PERDU

Chant Perdu, publié aux Écrits des Forges, en 1983, est le dernier recueil de Rina Lasnier.
Dans ce recueil, l'auteure s'inspire du cosmos, des astres pour s'exprimer sur la poésie, ce chant perdu lancé dans l'univers qui dévie la mort de sa trajectoire. L'amour, la mort, le destin du Christ lui aussi confronté à la mort, et les trois paradis (la terre, la mer et le ciel), sont abordés en des poèmes concis, très denses.    

Quelques mots de la poète sur ce recueil :

Pauvre décalque de la louange vivante du cosmos, de la terre, de l'homme tentant de remirer, de saisir avec hardiesse et précaution, toute transfigure, toute transparence des ailleurs.

Puisque la mémoire perd ses images, pourquoi le poète ne laisserait-il pas ses chants se perdre aux lieux inconnus?


Le recueil est dédié :


À tous les poètes du pays pour qui la poésie reste un acte de prédilection, de plénitude et de partage.

À celui, qui le premier, a donné joie et accompagnement à ces chants perdus.


Avant-dire

Le charbon dénie le diamant, le sable égare son or,
la lumière impétueuse des astres interroge la nudité des espaces.

Quelle trajectoire de sonorité soutient l'écho ? Comment l'écho exclut-il le vide pour ce filé pudique de la voix ?

L'astre, immergé dans son magnétisme, passe avec la clameur explosive de sa perte ; mais ses fulgurances chantent en choeur la rupture de l'incommensurable Nuit!

Ainsi...que le poète se perde et paie seul le prix de la poésie, la joie brusque du chant perdu...


Ici dans le poème suivant, la poète s'amuse avec la forme de l'étoile. Un moment de légèreté rare dans son oeuvre.

Modestie des étoiles

Baller aux feux froids des neiges
se pointer à tire-tête d'herbes

briller à l'encolure du bois coupé,
sourdre inutile au ressac troussé

Régner par floralies crucifères,
cligner à fêlure de verre fendu

rondir Paris en Place de l'Étoile
tomber ciel sus américaine bannière…
****
Tant de faux apparoirs, tant de simagrées
pour cacher quelques larmes sans feu ni lieu…


Chant perdu, Écrits des Forges, 1983










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